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CH. X. LA GENS À ROME ET EN GRÈCE.

qu’une grande révolution s’était accomplie, il en conclurait à bon droit que cette institution, comme toutes les autres, avait dû être transformée, et il penserait que cette noblesse n’était plus qu’une ombre ou qu’image affaiblie et altérée d’une autre noblesse incomparablement plus puissante. Puis s’il examinait avec attention les faibles débris de l’antique monument, quelques expressions demeurées dans la langue, quelques termes échappés à la loi, de vagues souvenirs ou de stériles regrets, il devinerait peut-être quelque chose du régime féodal et se ferait des institutions du moyen-âge une idée qui ne serait pas trop éloignée de la vérité. La difficulté serait grande assurément ; elle n’est pas moindre pour celui qui aujourd’hui veut connaître la gens antique ; car il n’a d’autres renseignements sur elle que ceux qui datent d’un temps où elle n’était plus que l’ombre d’elle-même.

Nous commencerons par analyser tout ce que les écrivains anciens nous disent de la gens, c’est-à-dire ce qui subsistait d’elle à l’époque où elle était déjà fort modifiée. Puis à l’aide de ces restes nous essaierons d’entrevoir le véritable régime de la gens antique.

1o  Ce que les écrivains anciens nous font connaître de la gens.

Si l’on ouvre l’histoire romaine au temps des guerres puniques, on rencontre trois personnages qui se nomment Claudius Pulcher, Claudius Nero, Claudius Centho. Tous les trois appartiennent à une même gens, la gens Claudia.

Démosthènes dans un de ses plaidoyers produit sept témoins qui certifient qu’ils font partie du même γένος, celui des Brytides. Ce qui est remarquable dans cet exemple, c’est que les sept personnes citées comme