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LIVRE II. LA FAMILLE.

membres du même γένος, se trouvaient inscrites dans six dèmes différents ; ce qui permet de croire que le γένος ne correspondait pas exactement au dème et n’était pas comme lui une simple division administrative[1].

Voilà donc un premier fait avéré ; il y avait des gentes à Rome, des γένη à Athènes. On pourrait citer des exemples relatifs à beaucoup d’autres villes de la Grèce et de l’Italie et en conclure que, suivant toute vraisemblance, cette institution a été universelle chez ces anciens peuples.

Chaque gens avait un culte spécial. En Grèce on reconnaissait les membres d’une même gens « à ce qu’ils accomplissaient des sacrifices en commun depuis une époque fort reculée[2]. » Plutarque mentionne le lieu des sacrifices de la gens des Lycomèdes, et Eschine parle de l’autel de la gens des Butades[3].

À Rome aussi, chaque gens avait des actes religieux à accomplir ; le jour, le lieu, les rites étaient fixés par sa religion particulière[4]. Le Capitole est bloqué par les Gaulois ; un Fabius en sort et traverse les lignes ennemies, vêtu du costume religieux et portant à la main les objets sacrés ; il va offrir le sacrifice sur l’autel de sa gens qui est situé sur le Quirinal. Dans la seconde guerre punique, un autre Fabius, celui qu’on appelle le bouclier de Rome, tient tête à Annibal ; assurément la République a grand besoin qu’il n’abandonne pas son ar-

  1. Démosth., in Neær., 71. Voy. Plutarque, Thémist., I. Eschine, De falsa leg., 147. Boeckh, Corp. inscr., 385. Ross, demi Attici, 24. La gens chez les Grecs est souvent appelée πάτρα : Pindare, passim : Étienne de Byzance, πάτρα.
  2. Hésychius, γεννῆται. Pollux, III, 52 ; Harpocration, ὀργεῶνες.
  3. Plutarque, Thémist., I. Eschine, De falsa legat., 147.
  4. Cic., De arusp. resp., 15. Denys d’Hal., XI, 14. Festus, Propudi.