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CH. V. LA GENS SE DÉMEMBRE.

familles qui étaient réputées sacrées. Il en était ainsi à Apollonie[1]. À Érythres il existait une classe aristocratique que l’on nommait les Basilides. Dans les villes d’Eubée la classe maîtresse s’appelait les Chevaliers[2]. On peut remarquer à ce sujet que chez les anciens, comme au moyen âge, c’était un privilége de combattre à cheval.

La monarchie n’existait déjà plus à Corinthe lorsqu’une colonie en partit pour fonder Syracuse. Aussi la cité nouvelle ne connut-elle pas la royauté et fut-elle gouvernée tout d’abord par une aristocratie. On appelait cette classe les Géomores, c’est-à-dire les propriétaires. Elle se composait des familles qui, le jour de la fondation, s’étaient distribué avec tous les rites ordinaires les parts sacrées du territoire. Cette aristocratie resta pendant plusieurs générations maîtresse absolue du gouvernement, et elle conserva son titre de propriétaires, ce qui semble indiquer que les classes inférieures n’avaient pas le droit de propriété sur le sol. Une aristocratie semblable fut longtemps maîtresse à Milet et à Samos[3].


CHAPITRE V.

CHANGEMENTS DANS LA CONSTITUTION DE LA FAMILLE ; LE DROIT D’AÎNESSE DISPARAÎT ; LA GENS SE DÉMEMBRE.

La révolution qui avait renversé la royauté, avait modifié la forme extérieure du gouvernement plutôt qu’elle n’avait changé la constitution de la société. Elle n’avait pas été l’œuvre des classes inférieures, qui avaient intérêt à détruire les vieilles institutions, mais de l’aristocratie

  1. Aristote, Pol., III, 9, 8 ; VI, 3, 8.
  2. Id., VIII, 5, 10.
  3. Diodore, VIII, 5. Thucydide, VIII, 21. Hérodote, VII, 155.