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LIVRE IV. LES RÉVOLUTIONS.

les fonctions sacrées et délibéraient toute l’année sur les intérêts religieux ou politiques de la ville. C’est probablement parce que le Sénat n’était que la réunion des prytanes, c’est-à-dire des prêtres annuels du foyer, qu’il était nommé par la voie du sort. Il est juste de dire qu’après que le sort avait prononcé, chaque nom subissait une épreuve et était écarté s’il ne paraissait pas suffisamment honorable[1].

Au-dessus même du sénat il y avait l’assemblée du peuple. C’était le vrai souverain. Mais de même que dans les monarchies bien constituées le monarque s’entoure de précautions contre ses propres caprices et ses erreurs, la démocratie avait aussi des règles invariables auxquelles elle se soumettait.

L’assemblée était convoquée par les prytanes ou les stratéges. Elle se tenait dans une enceinte consacrée par la religion ; dès le matin, les prêtres avaient fait le tour du Pnyx en immolant des victimes et en appelant la protection des dieux. Le peuple était assis sur des bancs de pierre. Sur une sorte d’estrade élevée se tenaient les prytanes et, en avant, les proèdres qui présidaient l’assemblée. Un autel se trouvait près de la tribune, et la tribune elle-même était réputée une sorte d’autel. Quand tout le monde était assis, un prêtre (κῆρυξ) élevait la voix : « Gardez le silence, disait-il, le silence religieux (εὐφημία) ; priez les dieux et les déesses (et ici il nommait les principales divinités du pays) afin que tout se passe au mieux dans cette assemblée pour le plus grand avantage d’Athènes et la félicité des citoyens. » Puis le peuple, ou quelqu’un en son nom répondait : « Nous in-

  1. Eschine, III, 2 ; Andocide, II, 19 ; I, 45-55.