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de Cécrops ; il faut seulement entendre par là qu’il ne fut achevé qu’à l’époque où l’on plaçait le règne de ce personnage, c’est-à-dire vers le seizième siècle avant notre ère. On voit d’ailleurs que ce Cécrops ne régnait que sur l’une des douze associations, celle qui fut plus tard Athènes, les onze autres étaient pleinement indépendantes ; chacune avait son dieu protecteur, son autel, son feu sacré, son chef[1].

Plusieurs générations se passèrent pendant lesquelles le groupe des Cécropides acquit insensiblement plus d’importance. De cette période il est resté le souvenir d’une lutte sanglante qu’ils soutinrent contre les Eumolpides d’Èleusis, et dont le résultat fut que ceux-ci se soumirent, avec la seule réserve de conserver le sacerdoce héréditaire de leur divinité[2]. On peut croire qu’il y a eu d’autres luttes et d’autres conquêtes, dont le souvenir ne s’est pas conservé. Le rocher des Cécropides, où s’était peu à peu développé le culte d’Athéné, et qui avait fini par adopter le nom de sa divinité principale, acquit la suprématie sur les onze autres États. Alors parut Thésée, héritier des Cécropides. Toutes les traditions s’accordent à dire qu’il réunit les douze groupes en une cité. Il réussit, en effet, à faire adopter dans toute l’Attique le culte d’Athéné Polias, en sorte que tout le pays célébra dès lors en commun le sacrifice des Panathénées. Avant lui, chaque bourgade avait son feu sacré et son prytanée ; il voulut que le prytanée d’Athènes fût le centre religieux de toute l’Attique[3]. Dès lors l’unité athénienne fut fondée ; religieusement, chaque canton conserva son ancien culte, mais tous adoptèrent un culte commun ; politiquement, chacun conserva ses chefs, ses juges, son droit de s’assembler, mais au-dessus de ces gou-

  1. Philochore cité par Strabon, IX. Thucydide, II, 16. Pollux, VIII, 111.
  2. Pausanias, I, 38.
  3. Thucydide, II, 15. Plutarque, Thésée, 24. Pausanias, I, 26 ; VIII, 2.