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tres villes, le titre d’archonte prévalut. À Thèbes, par exemple, le premier magistrat fut appelé de ce nom ; mais ce que Plutarque dit de cette magistrature montre qu’elle différait peu d’un sacerdoce. Cet archonte, pendant le temps de sa charge, devait porter une couronne[1], comme il convenait à un prêtre ; la religion lui défendait de laisser croître ses cheveux et de porter aucun objet en fer sur sa personne, prescriptions qui le font ressembler un peu aux flamines romains. La ville de Platée avait aussi un archonte, et la religion de cette cité ordonnait que, pendant tout le cours de sa magistrature, il fût vêtu de blanc[2], c’est-à-dire de la couleur sacrée.

Les archontes athéniens, le jour de leur entrée en charge, montaient à l’acropole, la tête couronnée de myrte, et ils offraient un sacrifice à la divinité poliade.[3] C’était aussi l’usage que dans l’exercice de leurs fonctions ils eussent une couronne de feuillage sur la tête.[4] Or il est certain que la couronne, qui est devenue à la longue et est restée l’emblème de la puissance, n’était alors qu’un emblème religieux, un signe extérieur qui accompagnait la prière et le sacrifice.[5] Parmi ces neuf archontes, celui qu’on appelait Roi était surtout le chef de la religion ; mais chacun de ses collègues avait quelque fonction sacerdotale à remplir, quelque sacrifice à offrir aux dieux.[6]

Les Grecs avaient une expression générale pour désigner les magistrats ; ils disaient οί έν τέλει, ce qui signifie littéralement ceux qui sont à accomplir le sacrifice[7] : vieille expression qui indique l’idée

  1. Plutarque, Quest. rom., 40.
  2. Id., Aristide, 21.
  3. Thucydide, VIII, 70. Apollodore, Fragm. 21 (coll. Didot).
  4. Démosthène, in Midiam, 33. Eschine, in Timarch., 19.
  5. Plutarque, Nicias, 3 ; Phocion, 37. Cicéron, in Verr., IV, 50.
  6. Pollux, VIII, ch. IX. Lycurgue, coll. Didot, t. II, p. 362.
  7. Thucydide, I, 10 ; II, 10 ; III ; 36 ; IV, 65. Comparez : Hérodote, I, 133 ; III, 18 ; Eschyle, Pers., 204 ; Agam., 1202 ; Euripide, Trach., 238.