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JEAN RIVARD

douze à quinze cents personnes ; cet édifice servirait de temple jusqu’à ce que la paroisse fut en état d’en construire un en pierre ou en brique sur le modèle des grandes églises des bords du Saint-Laurent.

Quant au presbytère qui devait être aussi en bois, la construction en fut différée jusqu’à l’année suivante, Jean Rivard s’offrant volontiers de loger monsieur le curé jusqu’à cette époque.

L’église fut construite sous la direction de Jean Rivard, sans taxe, sans répartition, au moyen de corvées et de contributions volontaires ; au bout de quelques mois, elle était achevée à la satisfaction de tous.

Ce fut un beau jour pour toute la population de Rivardville que celui où la cloche de l’église se fit entendre pour la première fois, cette cloche qui, suivant les paroles d’un grand écrivain, fait naître, « à la même minute un même sentiment dans mille cœurs divers. »

L’extérieur de l’église était peint en blanc, et le petit clocher qui la surmontait s’apercevait à une grande distance. L’intérieur aussi était blanchi à la chaux, à l’exception des bancs qui paraissaient d’une couleur grisâtre. À l’entrée, et de chaque côté de la porte, on voyait un bénitier en bois peint surmonté d’une croix ; et sur l’autel quatre bouquets et six grands cierges de bois. Au fond du sanctuaire était un grand tableau, avec une gravure de chaque côté. Une petite lampe, toujours allumée, reposait sur une table à côté de l’autel. De modestes cadres représentant un chemin de croix étaient suspendus de distance en distance autour de l’humble église. Mais ce qui frappait le plus les yeux en y entrant