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JEAN RIVARD

VI.



où l’on verra qui avait raison.


Disons-le tout de suite : il ne se passa pas longtemps avant qu’il fût reconnu que Pierre Gagnon allait voir Françoise. Presque tous les dimanches il passait avec elle une partie de l’après-midi, souvent même la veillée. Le petit Louison Charli avait beau se défendre d’avoir jamais parlé à Françoise, on répétait partout qu’il avait eu la pelle, et ses amis l’accablaient de quolibets.

Enfin le bruit courut un jour que Pierre Gagnon et Françoise avaient échangé leurs mouchoirs. C’était le signe visible d’un engagement sérieux.

Pendant longtemps Pierre Gagnon répondait par des badinages à ceux qui le questionnaient sur ses sentiments, bien différent en cela de Françoise qui n’avait rien de plus pressé que de raconter à sa maîtresse les progrès de sa liaison ; mais lui-même finit par ne plus nier.

Il voulut même un jour donner à Françoise une preuve irrécusable de son amitié et la reconnaître publiquement pour sa blonde. Un dimanche que le temps était magnifique, les chemins en bon état, et que Jean Rivard et sa femme allaient à Lacasseville il proposa à Françoise de les accompagner.

Il emprunta à cet effet un des chevaux et une des voitures de Jean Rivard. Il passa bien une heure à étriller le cheval ; le collier, le harnais, la bride, tout reluisait de propreté.