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JEAN RIVARD

jamais de chagrin avec son Pierre. C’est bien vrai que je l’ai fait étriver quelquefois, mais ce n’était pas par manière de mépris ; voyez-vous, il faut bien rire un peu de temps en temps pour se reposer les bras. Si je la faisais enrager, c’est que je savais, voyez-vous, qu’elle n’était pas rancuneuse

— Quant à cela, je pense en effet qu’elle ne t’en a jamais voulu bien longtemps.

— Puis, tenez mon empereur, pour vous dire la vérité, je ne suis pas assez gros bourgeois, moi, pour prétendre à un parti comme mademoiselle Louise Routier ; je veux me marier suivant mon rang. Je serais bien fou d’aller chercher une criature au loin, pour me faire retapper, tandis que j’en ai une bonne sous la main. Vous comprenez bien que je ne suis pas sans m’être aperçu que Françoise est une grosse travaillante, une femme entendue dans le ménage, et que c’est, à part de ça, un bon caractère, qui ne voudrait pas faire de peine à un poulet. C’est bien vrai qu’elle ne voudra jamais commencer un ouvrage le vendredi, mais ça ne fait rien, elle commencera le jeudi ; et quant aux revenants, j’espère bien qu’une fois mariée, elle n’y pensera plus.

— J’approuve complètement ton choix, mon ami, et je suis sûr que ma femme pensera comme moi, tout en regrettant probablement le départ de Françoise qu’elle ne pourra pas facilement remplacer. Les bonnes filles comme elle ne se rencontrent pas tous les jours.

— Merci, mon bourgeois, et puisque vous m’approuvez, je vous demanderai de me rendre un petit service, ça serait de faire vous même la grande demande à Françoise, et de vous entendre avec elle et avec