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— Oh ! oh ! Jean-Joseph, vous devez être content. Les hommes courageux ne manquent pas dans votre pays. Voyons la suite :


Desaix à l’âge de vingt-six ans était déjà général. Il prit part aux grandes guerres de la Révolution française contre l’Europe coalisée.

Desaix était d’une extrême probité. Quand on frappait les ennemis d’une contribution de guerre, il ne prenait jamais rien pour lui, et cependant il était lui-même pauvre ; « mais, disait-il, ce qu’on peut excuser chez les autres n’est pas permis à ceux qui commandent des soldats. » Aussi était-il admiré de tous et estimé de ses ennemis. En Allemagne, où il fit longtemps la guerre, les paysans allemands l’appelaient le bon général. En Orient, dans la guerre d’Égypte où il suivit Bonaparte, les musulmans qui habitent le pays l’avaient surnommé le sultan juste, c’est-à-dire le chef juste.

DESAIX, né en 1768, près de Riom (Puy-de-Dôme), mourut, en 1800, à la bataille de Marengo, au moment où il venait de décider la victoire.


En 1800, se livra dans le Piémont, près de Marengo, une grande bataille. Nos troupes, qui avaient traversé les Alpes par le mont Saint-Bernard pour surprendre les Autrichiens, se trouvèrent attaquées par eux. Après une résistance héroïque, nos soldats pliaient et commençaient à s’enfuir. Tout à coup, Desaix arriva en toute hâte à la tête de la cavalerie française ; il se jeta au milieu de la mêlée, donnant l’exemple à tous et guidant ses soldats à travers les bataillons autrichiens, qui furent bientôt bouleversés. Mais une balle ennemie le blessa à mort et il tomba de son cheval ; au moment d’expirer, il vit les ennemis en fuite : il avait par son courage décidé la victoire. « Je meurs content, dit-il, puisque je meurs pour la patrie. »

Ses soldats lui élevèrent un monument sur le champ même de la bataille. Plus tard, sa statue fut érigée à Clermont-Ferrand.

Vercingétorix et Desaix furent des modèles du courage militaire ; Michel de l’Hôpital fut un modèle de courage civique, non moins difficile parfois et aussi glorieux que l’autre. Partout et toujours, dans la paix comme dans la guerre, faire ce qu’on doit, advienne que pourra, voilà le vrai courage et le véritable honneur.


— Faire ce qu’on doit, advienne que pourra, répéta Jean-Joseph, je veux me rappeler cela toujours, Julien.

— Moi aussi, dit Julien, je veux faire mon devoir toujours, quoi qu’il puisse arriver.

André, tout en causant avec les bûcherons, avait continué