Page:G. Bruno - Le Tour de la France par deux enfants, 1904.djvu/15

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Quand elle eut glissé dans la bourse les pièces d’argent :

— Ce n’est pas le tout, dit-elle ; examinons ce petit rouleau qui enveloppait la bourse, et voyons si nos orphelins ont songé à se procurer de bons papiers, attestant qu’ils sont d’honnêtes enfants et non des vagabonds sans feu ni lieu… Ah ! voici d’abord le certificat du patron d’André :


« J’atteste que le jeune André Volden a travaillé chez moi dix-huit mois entiers sans que j’aie eu un seul reproche à lui faire. C’est un honnête garçon, laborieux et intelligent : je suis prêt à donner de lui tous les renseignements que l’on voudra. Voici mon adresse ; on peut m’écrire sans crainte.

PIERRE HETMAN.
maître serrurier, établi depuis trente ans à Phalsbourg. »


— Bien, cela ! dit Mme Étienne en repliant le certificat. Et ceci, qu’est-ce ? Ah ! c’est leur extrait d’âge, très bien. Enfin, voici une lettre de maître Hetman à son cousin, serrurier à Épinal, pour le prier d’occuper André un mois : André portera ensuite son livret d’ouvrier à la mairie d’Épinal et M. le maire y mettra sa signature. De mieux en mieux. Les chers enfants n’ont rien négligé : ils savent que tout ouvrier doit avoir un livret bien tenu et des certificats en règle. Allons, espérons en la Providence ! tout ira bien.

Lorsque Julien et André s’éveillèrent, ils trouvèrent leurs habits en ordre et tout prêts à être mis ; et cela leur parut merveilleusement bon, car les pauvres enfants, ayant perdu leur mère de bonne heure, n’étaient plus accoutumés à ces soins et à ces douces attentions maternelles.

Julien, dès qu’il fut habillé, peigné, le visage et les mains bien nets, courut avec reconnaissance embrasser Mme Étienne, et la remercia d’un si grand cœur qu’elle en fut tout émue.

— Cela est bel et bon, répondit-elle gaîment, mais il faut déjeuner. Vite, les enfants, prenez ce pain et ce fromage, et mangez.



V. — Les préparatifs d’Étienne le sabotier. — Les adieux. — Les enfants d’une même patrie.


Les enfants d’une même patrie doivent s’aimer et se soutenir comme les enfants d’une même mère.


Pendant qu’André et Julien mangeaient, Étienne entra.

— Enfants, dit le sabotier en se frottant les mains, je n’ai pas perdu mon temps : j’ai travaillé pour vous depuis ce matin. D’abord, je vous ai trouvé deux places dans la