les deux enfants se rendirent néanmoins à la gare, qui n’était éloignée que d’un quart d’heure.
Une demi-heure après, les deux enfants étaient assis l’un près de l’autre dans un wagon de 3e classe. Au bout d’un instant la locomotive siffla et le train partit à toute vitesse.
Julien n’avait encore jamais voyagé en chemin de fer : il s’amusa beaucoup la première heure, il regardait sans cesse par la portière, émerveillé d’aller si rapidement et de voir les arbres de la route qui semblaient courir comme le vent.
Derrière eux, les belles cimes des Alpes du Dauphiné montraient leurs têtes blanches de neige que le soleil faisait reluire. — Vois-tu, Julien, cette chaîne de montagnes que nous laissons derrière nous ? C’est par là qu’est Grenoble, la capitale du Dauphiné.
— Oh ! que ce doit être beau, Grenoble, si c’est au milieu des monts !
— J’ai lu en effet dans ma géographie que c’est une des villes de France qui ont les plus belles vues sur les montagnes. Elle est dans la vallée du Graisivaudan, dominée par des forts qui la rendent presque imprenable.
Julien, malgré son pied malade, ne pouvait s’empêcher de se traîner sans cesse du banc à la portière. Enfin, pour se reposer, il ouvrit son livre d’histoires.
— André, dit-il, voilà longtemps que je n’ai lu la vie des grands hommes de la France ; puisque nous passons en ce moment dans le Dauphiné, je veux connaître les grands hommes de cette province.
André s’approcha de Julien, et tous les deux tenant le livre