Page:G. Bruno - Le Tour de la France par deux enfants, 1904.djvu/266

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— Ah ! mon Dieu ! dit-il, jusqu’à mon joli parapluie que M. Gertal m’avait donné et que j’avais tant de regret d’avoir perdu ! Eh bien, le capitaine en a mis un au fond de la caisse, et il est tout pareil, regarde, André.

— Je m’imagine, dit l’oncle Frantz en tendant la main avec émotion à Guillaume, qu’il y a quelqu’un qui a sans doute aidé la mémoire du capitaine.

— Mon vieil ami, dit Guillaume, j’étais chargé de faire l’inventaire complet ; j’ai tâché de ne rien oublier.

Ce soir-là, nos quatre amis dînèrent bien contents. Après dîner on alla remercier le capitaine, et chemin faisant Julien ne put s’empêcher de dire qu’il trouvait que les assurances sont une bien bonne chose.

— Oui certes, petit Julien, répondit Guillaume. En donnant aux compagnies d’assurances une faible somme chaque année, on se trouve protégé autant que faire se peut contre les malheurs de toute sorte. Je me suis déjà dit qu’en arrivant chez moi la première chose que je vais faire, ce sera d’assurer contre l’incendie le petit bien dont nous avons hérité et d’assurer contre la grêle mes récoltes de chaque année.

Et le vieux pilote ajouta sentencieusement :

— L’homme sage n’attend point que le malheur ait frappé à sa porte pour lui chercher un remède.



CV. — Le Nord et la Flandre. — Ses canaux, son agriculture et ses industries. — Lille.


Les pays du nord sont ceux que la nature a le moins favorisés ; mais l’intelligence et le travail de l’homme ont corrigé la nature et y ont produit des richesses.


Le lendemain, nos amis se séparèrent en se promettant de se revoir bientôt. Guillaume allait retrouver sa femme, Frantz et ses neveux se dirigeaient vers Phalsbourg pour y terminer leurs affaires.

Lorsque le bateau quitta Dunkerque pour naviguer sur le canal, Julien, debout sur le pont, observait le pays avec attention. — Regarde bien, Julien, lui dit l’oncle Frantz, qui était tout près, enfonçant dans l’eau sa longue perche ; le département du Nord où nous voici vaut la peine que tu l’admires. C’est, après le département de la Seine, le plus peuplé de France, et l’agriculture comme l’industrie y est prospère.

En effet, tout le long des bords du canal, souvent noircis