Page:Gaboriau - L’Affaire Lerouge.djvu/268

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— Et vous pensez que madame d’Arlange donnera sa petite-fille au sieur Gerdy ?

— Nous l’espérons, monsieur. La marquise est assez entichée de noblesse pour préférer le bâtard d’un gentilhomme au fils de quelque honorable industriel. Si cependant elle refusait, eh bien ! nous attendrions sa mort sans la désirer.

Le ton toujours calme d’Albert transportait le comte de Commarin.

— Et ce serait-là mon fils ! s’écria-t-il ; jamais ! Quel sang, monsieur, avez-vous donc dans les veines ? Seule, votre digne mère pourrait le dire, si elle le sait elle-même toutefois…

— Monsieur, interrompit Albert d’un ton menaçant, monsieur, mesurez vos paroles ! Elle est ma mère, et cela suffit. Je suis son fils, et non son juge. Personne, devant moi, ne lui manquera de respect, je ne le permettrai pas, monsieur. Je le souffrirai moins de vous que de tout autre.

Le comte faisait vraiment des efforts héroïques pour ne pas se laisser emporter par sa colère hors de certaines limites. L’attitude d’Albert le jeta hors de lui. Quoi ! il se révoltait, il osait le braver en face, il le menaçait ! Le vieillard s’élança de son fauteuil et marcha sur son fils comme pour le frapper.

— Sortez, criait-il d’une voix étranglée par la fureur, sortez ! Retirez-vous dans votre appartement et