Page:Gaboriau - L’Affaire Lerouge.djvu/319

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M. Daburon lui fit signe de reprendre sa place, et s’adressant à M. de Commarin :

— Monsieur, dit-il d’une voix que la compassion faisait plus douce, aux yeux de Dieu comme aux yeux de la société, vous avez commis une grande faute, et les suites, vous le voyez, sont désastreuses. Cette faute, il est de votre devoir de la réparer autant qu’il est en vous.

— Telle est mon intention, monsieur, et, vous le dirai-je ? mon plus cher désir.

— Vous me comprenez, sans doute, insista M. Daburon.

— Oui, monsieur, répondit le vieillard, oui, je vous comprends.

— Ce sera une consolation pour vous, ajouta le juge, d’apprendre que M. Noël Gerdy est digne à tous égards de la haute position que vous allez lui rendre. Peut-être reconnaîtrez-vous que son caractère s’est plus fortement trempé que s’il eût été élevé près de vous. Le malheur est un maître dont toutes les leçons portent. C’est un homme d’un grand talent, et le meilleur et le plus digne que je sache. Vous aurez un fils digne de ses ancêtres. Enfin, nul de votre famille n’a failli, monsieur, le vicomte Albert n’est pas un Commarin.

— Non ! n’est-ce pas ? répliqua vivement le comte. Un Commarin, ajouta-t-il, serait mort à cette heure, et le sang lave tout.