Page:Gaboriau - L’Affaire Lerouge.djvu/324

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éclairé par le souvenir d’un détail inaperçu, si, certainement.

— Il a dû vous montrer que le témoignage de cette femme rendait impossible une lutte avec M. Gerdy.

— Précisément, monsieur, et, écartant la question de bonne foi, c’est là-dessus qu’il se basait pour se refuser à suivre mes volontés.

— Il faudrait, monsieur le comte, me raconter bien exactement ce qui s’est passé entre le vicomte et vous. Faites donc, je vous prie, un appel à vos souvenirs, et tâchez de me rapporter aussi exactement que possible ses paroles.

M. de Commarin put obéir sans trop de difficulté. Depuis un moment, une salutaire réaction s’opérait en lui. Son sang, fouetté par les insistances de l’interrogatoire, reprenait son cours accoutumé. Son cerveau se dégageait.

La scène de la soirée précédente était admirablement présente à sa mémoire jusque dans ses plus insignifiants détails. Il avait encore dans l’oreille l’intonation des paroles d’Albert, il revoyait sa mimique expressive.

À mesure que s’avançait son récit, vivant de clarté et d’exactitude, la conviction de M. Daburon s’affermissait.

Le juge retournait contre Albert précisément ce qui la veille avait fait l’admiration du comte.

— Quelle surprenante comédie ! pensait-il. Taba-