Page:Gaboriau - L’Affaire Lerouge.djvu/454

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— Si vous connaissiez les preuves que j’ai entre les mains, mademoiselle, dit-il de ce ton froid qui annonce la détermination de ne pas se laisser aller à la colère, si je vous les exposais, vous n’espéreriez plus.

— Parlez, monsieur, fit impérieusement Claire.

— Vous le voulez, mademoiselle ? soit. Je vous détaillerai, si vous l’exigez, toutes les charges recueillies par la justice, je vous appartiens entièrement, vous le savez. Mais à quoi bon énumérer ces présomptions ! Il en est une qui, à elle seule, est décisive. Le meurtre a été commis le soir du mardi-gras, et il est impossible au prévenu de déterminer l’emploi de cette soirée. Il est sorti, cependant, et il n’est rentré chez lui qu’à deux heures du matin, ses vêtements souillés et déchirés, ses gants éraillés.

— Oh ! assez, monsieur, assez ! interrompit Claire, dont les yeux rayonnèrent tout à coup de bonheur. C’était, dites-vous, le soir du mardi-gras ?

— Oui, mademoiselle.

— Ah ! j’en étais bien sûre, s’écria-t-elle avec l’accent du triomphe. Je vous disais bien, moi, qu’il ne pouvait être coupable !

Elle joignit les mains, et au mouvement de ses lèvres il fut facile de voir qu’elle priait.

L’expression de la foi la plus vive, rencontrée par quelques peintres italiens, illuminait son beau vi-