Page:Gaboriau - L’Affaire Lerouge.djvu/546

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nera un petit morceau, pas beaucoup, mais c’est très-cher.

Le portier ne se trompait pas. Le père Tabaret courait après la dame au coupé bleu.

Il avait pensé : « Celle-là me dira tout, » et d’un bond il fut dans la rue.

Il y arriva juste à temps pour voir le coupé bleu tourner le coin de la rue Saint-Lazare.

— Ciel ! murmura-t-il, je vais la perdre de vue, et cependant la vérité est là.

Il était dans un de ces états de surexcitation nerveuse qui enfantent des prodiges.

Il franchit le bout de la rue Saint-Lazare aussi rapidement qu’un jeune homme de vingt ans.

Ô bonheur ! À cinquante pas, dans la rue du Havre, il vit le coupé bleu arrêté au milieu d’un embarras de voitures.

— Je l’aurai ! se dit-il.

Ses regards parcouraient les alentours de la gare de l’Ouest, cette rue où rôdent presque constamment des cochers marrons : pas une voiture !

Volontiers, comme Richard iii, il aurait crié : — Ma fortune pour un fiacre !

Le coupé bleu s’était dégagé et filait bon train vers la rue Tronchet. Le bonhomme suivait.

Il se maintenait, le coupé ne gagnait pas trop.

Tout en courant sur le milieu de la chaussée, cherchant de l’œil une voiture où se jeter, il se disait :