Page:Gaboriau - L’Affaire Lerouge.djvu/552

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Le père Tabaret était stupéfié du luxe de ce salon. Il n’avait rien d’insolent pourtant, ni de brutal, ni même de mauvais goût. On ne se serait jamais cru chez une femme entretenue. Mais le bonhomme, qui s’y connaissait en beaucoup de choses, jugea bien que tout dans cette pièce était de grand prix. La seule garniture de cheminée valait, au bas mot, une vingtaine de mille francs.

— Clergeot, pensa-t-il, n’a pas exagéré.

L’entrée de Juliette interrompit ses réflexions.

Elle avait retiré sa robe et passé à la hâte un peignoir très-ample, noir, avec des garnitures de satin cerise. Ses admirables cheveux un peu dérangés par son chapeau retombaient en cascades sur son cou et bouclaient derrière ses délicates oreilles. Elle éblouit le père Tabaret. Il comprit bien des folies.

— Vous avez demandé à me parler, monsieur ? interrogea-t-elle en s’inclinant gracieusement.

— Madame, répondit le père Tabaret, je suis un ami de Noël, son meilleur ami, je puis le dire, et…

— Prenez donc la peine de vous asseoir, monsieur, interrompit la jeune femme.

Elle-même se posa sur un canapé, lutinant du bout du pied ses mules pareilles à son peignoir, pendant que le bonhomme prenait place dans un fauteuil.

— Je viens, madame, reprit-il, pour une affaire grave. Votre présence chez M. Gerdy…