Page:Gaboriau - L’Affaire Lerouge.djvu/553

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— Quoi ! s’écria Juliette, il sait déjà ma visite ? Mâtin ! il a une police bien faite.

— Ma chère enfant, commença paternellement Tabaret…

— Bien ! je sais, monsieur, ce que vous venez faire. Vous êtes chargé par Noël de me gronder. Il m’avait défendu d’aller chez lui, je n’ai pu y tenir. C’est embêtant, à la fin, d’avoir pour amant un rébus, un homme dont on ne sait rien, un logogriphe en habit noir et en cravate blanche, un être lugubre et mystérieux…

— Vous avez commis une imprudence.

— Pourquoi ? parce qu’il va se marier ? Que ne l’avoue-t-il alors ?

— Si ce n’est pas ?

— Ça est. Il l’a dit à ce vieux filou de Clergeot, qui me l’a répété. En tout cas, il doit tramer quelque coup de sa tête ; depuis un mois il est tout chose, il est changé au point que je ne le reconnais plus.

Le père Tabaret désirait avant tout savoir si Noël ne s’était pas ménagé un alibi pour le mardi du crime. Là pour lui était la grande question. Oui ; il était coupable certainement. Non ; il pouvait encore être innocent. Madame Juliette devait, il n’en doutait pas, l’éclairer sur ce point décisif.

En conséquence, il était arrivé avec sa leçon toute préparée, son petit traquenard tendu.