Page:Gaboriau - Monsieur Lecoq, Dentu, 1869, tome 1.djvu/262

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Machinalement, il regarda. Ô bonheur ! De cette voiture, il vit descendre Lecoq, suivi du père Absinthe et de la belle-fille de la veuve Chupin.

Du coup, il retrouva son aplomb, et c’est du ton le plus important qu’il transmit au jeune policier l’ordre de le suivre sans perdre une minute.

— Monsieur le juge vous a déjà demandé nombre de fois, disait-il, son impatience est extrême, il est d’une humeur massacrante, et vous pouvez vous attendre à avoir la tête lavée de la belle façon.

Lecoq souriait, tout en montant l’escalier. N’avait-il pas à présenter la plus victorieuse des justifications ? Même il se faisait une fête de l’agréable surprise du juge, et il lui semblait voir son visage irrité s’épanouir soudain.

Et cependant les embarras de l’huissier et son insistance devaient avoir le plus désastreux résultat.

Pressé comme il l’était, le jeune policier ne vit nul inconvénient à ouvrir sans frapper la porte du cabinet de M. Segmuller, et il eut l’inspiration fatale de pousser en avant la malheureuse dont le témoignage pouvait être si décisif.

La stupeur le cloua net sur place, quand il vit que le juge n’était pas seul, quand il reconnut en ce témoin qu’on interrogeait, l’homme du portrait, Polyte Chupin.

À l’instant, il comprit l’étendue de la faute, ses conséquences, et combien il importait d’empêcher toute communication, tout échange de pensées entre le mari et la femme.

Il bondit jusqu’à Toinon-la-Vertu, et la secouant ru-