Page:Gabriel Ferry - Costal l'Indien, 1875.djvu/160

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— Non ; quel gage auriez-vous alors de ma parole ? trois cents piastres à présent, et le reste à la livraison.

— C’est entendu ; et quels sont vos moyens ?

— Je suis de garde à la porte, demain, de trois à cinq heures du matin. Un falot sur le pont d’Hornos, en face du fort, pour m’avertir, un mot d’ordre et votre présence ; ce sera l’affaire d’un instant. Je présume que Votre Seigneurie ne cédera à personne l’avantage de s’emparer du fort ?

— J’y serai en personne, dit Morelos ; quant au mot d’ordre, le voici. »

Le général passa au Galicien un papier sur lequel il écrivit deux mots que ni Costal ni Lantejas ne purent lire.

Puis, après une assez longue conférence à voix basse, Pépé Gago allait se retirer, lorsque Costal s’avança vers lui et lui mettant la main sur l’épaule :

« Écoutez, Pépé Gago ! dit-il avec force, c’est moi qui réponds ici de vous ; mais je jure par l’âme de ce cacique de Tehuantepec, dont j’ai l’honneur incontesté de descendre, que, si vous nous trahissez, dussiez-vous comme le requin vous cacher au fond de la mer, vous retirer comme le jaguar au fond des bois, vous n’échapperez pas plus que le jaguar ou le requin à ma carabine ou à mon couteau. Tenez-le-vous pour dit. »

L’artilleur protesta de nouveau de sa bonne foi et se retira ; quand il fut parti :

« Je verrai, acheva Morelos en s’adressant à don Cornelio, à vous signer un congé de la forteresse d’Acapulco, mais pour quelques jours seulement. Là aussi, nous reparlerons de la mission pour laquelle je compte sur vous. Allez, en attendant, vous reposer, et la nuit prochaine, à quatre heures du matin, je conduirai moi-même un détachement de nos hommes vers le fort. Comme il est bon que personne que nous ne sache nos conventions avec Gago, vous et Costal placerez sur le