Page:Gabriel Ferry - Costal l'Indien, 1875.djvu/172

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

çais, il devait mourir fidèle à l’homme à qui il avait juré de consacrer sa vie.

« Quoi qu’il en soit, poursuivit Valdovinos, je sais que le général Calleja a mis la tête de ce jeune homme à prix comme les nôtres.

— Eh bien, alferez don Cornelio, ajouta Galeana, préparez-vous à partir demain et à vous rendre digne du poste auquel vous avez été élevé ; les occasions ne vous manqueront pas. »

En même temps, la détonation d’une pièce de canon gronda sous la fenêtre, et, comme Morelos s’étonnait en plaisantant d’avoir déjà de l’artillerie sous ses ordres, Galeana reprit la parole et dit :

« Seigneur général, ce canon faisait partie de notre héritage paternel. Quand chez nous il naissait un fils ou qu’un Galeana cessait de vivre, il servait à signaler notre allégresse ou notre deuil. Aujourd’hui nous le consacrons au service de la famille mexicaine. Il est à vous comme nos personnes. »

Puis, s’avançant vers la fenêtre, il s’écria de cette voix devant laquelle les Espagnols allaient bientôt apprendre à fuir :

« Vive le général Morelos ! »

Des cris partis de la cour répondirent aux siens ; un cliquetis de sabres qui sortaient du fourreau, le bruit des fusils retentissant sur le sol pierreux et des hennissements des chevaux se mêlèrent aux clameurs de l’enthousiasme. La chambre du malade fut vide en un instant ; le curé de Caracuaro descendait pour presser la main de ses nouveaux soldats. Loin de partager cette ardeur belliqueuse, l’étudiant éprouva un affreux serrement de cœur. Il pensa avec tristesse à ses études théologiques qu’il allait négliger au milieu des camps, et, par-dessus tout, à sa tête mise à prix comme celle d’un rebelle. Tout cela, grâces encore à la parcimonie de son père dans l’achat de cette maudite mule, comme jadis