Page:Gabriel Ferry - Costal l'Indien, 1875.djvu/223

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lorsque le sol devint plus dur, il n’y vit plus aucun vestige. Il écouta attentivement, sans qu’aucune révélation arrivât à son oreille. Tout était muet autour de lui, à l’exception du bruit sourd de la mer.

Avant de s’engager dans un étroit chemin creux, par où il supposa que le fugitif avait dû chercher à s’échapper, Lantejas jeta un regard sur son canot. Indolemment couchés sur leur banc et la cigarette à la bouche, les deux gardiens se laissaient balancer par la houle comme dans un hamac. Il n’y avait donc rien de nouveau de ce côté, et le capitaine s’enfonça dans le sentier creux que laissaient entre elles les deux blanches falaises.

C’était bien le même chemin qu’avait suivi Costal en poursuivant l’homme au caban. Celui-ci s’était enfui avec la rapidité d’un Basque, et jamais le nègre ne fût parvenu à rejoindre l’Indien, lancé à toute course après lui, s’il ne l’eût entendu s’écrier plusieurs fois :

« Par l’âme des caciques de Tehuantepec ! arrêtez-vous donc, lâche ! Ne suis-je pas seul comme vous ? »

Ces cris avaient guidé Clara sur les pas de Costal, et cette course à perte d’haleine se soutenait, de part et d’autre, avec une égale ardeur, lorsque Costal s’était tout à coup arrêté.

Derrière un coude du sentier, l’homme à la bayeta, qui le précédait, venait de disparaître. Pendant qu’il essayait de deviner par où il avait pu passer, le nègre l’avait rejoint.

« Par les cornes du diable ! s’écria l’Indien, vous arrivez on ne peut plus à propos pour m’aider à retrouver une trace que j’ai perdue ; vite, fouillez avec moi tous ces buissons ; vous ne sauriez croire quel prix j’attache à saisir cet homme.

— Est-ce qu’il sait le secret de quelque gîte d’or ou d’un banc de perles ? demanda Clara.

— Eh non ! pour Dieu ! venez donc… c’est… Tenez ! le voyez-vous, là-bas sur une des berges dû chemin creux ? »