Page:Gabriel Ferry - Costal l'Indien, 1875.djvu/238

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Cependant, quand les passions fougueuses du capitaine furent un peu calmées par la mort de la première victime offerte aux mânes de son père, des sentiments qu’avait refoulés au fond de son cœur la soif de la vengeance reprirent peu à peu le dessus. Don Rafael sentit le besoin de justifier sa conduite inexplicable en apparence, aux yeux des habitants de l’hacienda de las Palmas ; mais un juste orgueil l’en empêcha : un fils qui avait vengé son père devait-il être tenu d’excuser l’accomplissement d’un saint devoir ? Fallait-il qu’il se fit pardonner d’être devenu l’ennemi d’une cause qui ne pouvait plus désormais être la sienne !

Le fier silence du capitaine devait achever de ruiner ses espérances, et rendre plus infranchissable encore la barrière élevée tout à coup entre son amour et son devoir.

La nouvelle de la mort de Valdès, apportée par un voyageur passant par l’hacienda, avec la teneur de l’inscription qui en révélait l’auteur, y tomba comme un coup de foudre. Par malheur, ce même voyageur n’avait pu apprendre à ses hôtes ce qu’il ignorait : le meurtre de don Luis Tres-Villas, cause de cette sanglante représaille.

De ce moment, les habitants de l’hacienda ne considérèrent plus le capitaine que comme un traître qui, sous les dehors du plus pur patriotisme, avait caché ses ardentes sympathies pour les oppresseurs du pays qui l’avait vu naître.

Toutefois l’amour de Gertrudis avait entrepris la justification que dédaignait la fierté de don Rafael.

« Oh ! mon père ! disait-elle au milieu de la douleur profonde qui la frappait, il est impossible que d’un jour, à l’autre un message de don Rafael ne nous explique pas sa conduite.

— Eh ! quand il l’expliquerait, répondait don Mariano, serait-il moins un traître à son pays ? Non ! Il sait que