Page:Gabriel Ferry - Costal l'Indien, 1875.djvu/239

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rien ne peut l’absoudre, et il n’osera même pas essayer de se faire pardonner son indigne conduite. »

Le message, en effet, ne venait pas, et Gertrudis fut contrainte de dévorer ses larmes en silence. Cependant l’audacieux défi à l’insurrection que sa main avait inscrit sur la porte du domaine del Valle avait quelque chose de trop chevaleresque pour qu’il ne plaidât pas quelque temps encore la cause de l’absent. Un moment même elle fut gagnée ; car on venait d’apprendre enfin que la tête du chef insurgé n’avait fait que remplacer celle du père de don Rafael, et que le sang avait payé le sang.

Si, en cet instant, le capitaine se fût présenté, don Mariano, il est vrai n’eût sans doute pas consenti à contracter une alliance avec un transfuge de la cause de l’émancipation mexicaine ; mais une explication franche et sincère eût du moins écarté de l’esprit de l’hacendero et de celui de sa fille toute idée de déloyauté et de trahison de la part de don Rafael. Celui-ci, de son côté, ignorant que la mort de son père n’avait été connue à l’hacienda que postérieurement à celle d’Antonio Valdès, négligea tout naturellement la chance favorable qui s’offrait à son insu.

Combien d’irréparables malheurs n’ont eu pour point de départ que ce motif : faute de s’entendre !

Les deux capitaines royalistes, Caldelas et don Rafael, avaient fait de l’hacienda del Valle, qu’ils avaient fortifiée avec du canon fourni par le commandant de la province, une espèce de citadelle qui pouvait défier toutes les forces de l’insurrection dans le pays.

Pendant ces courses acharnées à la poursuite des deux autres assassins de son père, Arroyo et Bocardo, don Rafael laissait à Caldelas le soin de garder leur forteresse. Le capitaine Tres-Villas, n’écoutant plus que la voix de son cœur, avait fini par une transaction entre son amour et sa fierté. Repoussant l’idée d’un message,