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En même temps que ces cris retentissaient aux oreilles de don Rafael surpris, l’un des agresseurs poussait si violemment du poitrail de son cheval le flanc de celui de l’officier, que, pris du fort au faible, l’animal s’abattit avec son cavalier.

C’était fait de don Rafael si, avec l’agilité qui accompagnait chez lui la force herculéenne dont il était doué, il ne se fût dégagé des étriers, puis élancé d’un bond sur le cheval de l’un des hommes de son escorte, qui, au même instant, tombait de sa selle poignardé par l’un des assaillants.

Ranimé par la voix de leur chef qu’ils avaient cru mort, les cinq hommes qui restaient avec don Rafael s’étaient fait jour malgré l’inégalité du nombre, puis s’étaient jetés dans les montagnes, où les insurgés n’avaient pas osé les suivre.

Un homme tué et son cheval bai brun perdu, tel avait été le résultat matériel de la tentative du capitaine pour se justifier après deux mois de silence. Il reprit la route de l’hacienda del Valle.

Le fiel et la douleur gonflaient son cœur. Cette hacienda de las Palmas, dont il avait été l’hôte bien-aimé, ne renfermait plus à présent que des ennemis qui avaient soif de son sang.

« C’est étrange, dit l’un des cavaliers de l’escorte qui le suivait à distance ; on prétendait qu’Arroyo et Bocardo avaient quitté le pays, et, si je ne me trompe…

— Ce sont bien eux, répondit le second cavalier ; je les ai reconnus, mais je me suis bien gardé de le dire au capitaine. Il est si enragé contre eux, que, s’il eût appris à quels hommes il venait d’échapper, nous n’aurions pu le décider à fuir devant eux. »

Pendant ce temps, les agresseurs, désappointés, rentraient à l’hacienda.

« Triple sot, disait à l’un de ses compagnons un homme à la figure féroce et brutale et aux membres