Page:Gabriel Ferry - Costal l'Indien, 1875.djvu/312

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— Nous ne sommes pas assez nombreux pour donner l’assaut à la tanière des coyotes, et je suis dépêché pour prier Votre Seigneurie de nous envoyer du renfort.

— Qui t’envoie ? le lieutenant Lantejas ?

— Lantejas n’enverra plus personne ; depuis ce matin, sa tête est accrochée à la porte de l’hacienda.

— Tripes du diable ! s’écria le guerillero.

— Sa tête n’est pas seule, du reste ; il y a encore celles de Salins et du Tuerto avec la sienne, sans compter Matavidas, Sacamedios et Piojento, qui ont été pris et pendus vivants par les pieds aux créneaux de l’hacienda, et que nous avons dû achever de loin, à coups de carabine, pour abréger leurs souffrances.

— Tant pis pour eux ! pourquoi se sont-ils laissé prendre vivants ?

— C’est ce que je leur ai dit ; je leur ai crié que Votre Seigneurie serait très-mécontente ; mais ils ne paraissaient pas s’en soucier beaucoup, reprit le Gaspacho d’un air agréable.

— De sorte que vous n’êtes plus que quarante-quatre ?

— Faites excuse ; il y en a encore quatre autres qui ont été pendus par le cou ; ceux-là ne nous ont pas fait user de poudre pour les achever.

— Dix hommes de moins ! dit Arroyo en frappant du pied avec rage. Vais-je encore perdre cette guerilla comme la première ? Voyons à présent la bonne nouvelle.

— Hier soir, un cavalier s’approchait de l’hacienda del Valle, comme s’il n’avait qu’à se présenter pour y entrer, quand il est tombé sous l’œil de nos vedettes, qui se sont jetées sur lui, et, après une vive résistance, il a pu s’échapper. Ne froncez pas le sourcil, seigneur capitaine, les deux vedettes en ont été quittes, l’une pour une épaule fracassée d’un coup de pistolet, l’autre pour une chute de cheval. Pressé de trop près par ce dernier, le cavalier royaliste l’a enlevé de ses arçons et lancé à terre