Page:Gabriel Ferry - Costal l'Indien, 1875.djvu/313

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comme une noix qu’on veut briser. Il n’est resté que deux heures évanoui.

— Je ne connais qu’un homme assez fort pour faire un coup semblable, dit Bocardo en pâlissant ; c’est ainsi qu’il a tué Antonio Valdès : c’est l’enragé Tres-Villas.

— Et c’est lui, en effet ; car Pépé Lobos a entendu les ronflements de ce cheval qu’il montait, le jour où avec vous il a manqué de le prendre à las Palmas, et il a bien reconnu le cavalier à sa taille et à sa voix, quoiqu’il fît nuit. Dix hommes se sont lancés à sa poursuite, et, à l’heure qu’il est, le colonel doit être pris.

— Sainte Vierge ! je vous promets un cierge gros comme un palmier si cet homme tombe entre nos mains, dit le chef des guerilleros.

— Gros comme un palmier ! y pensez-vous ? s’écria Bocardo.

— Taisez-vous donc ! c’est pour l’amadouer, répondit Arroyo à voix basse.

— Qu’il échappe encore cette fois ou non, nous le tenons ; c’est moi qui vous en réponds, ajouta Bocardo. Si je sais bien son histoire, avec le message, qu’on veut lui faire tenir on l’amènera au bout du monde. »

Comme il achevait ces mots, la femme d’Arroyo rentrait dans la tente la figure aussi bouleversée par la colère que la première fois.

« La cage est vide, l’oiseau s’est envolé ! s’écria-t-elle, et avec lui le gardien à qui je l’avais confié, l’indigne Juan el Zapote !

— Sang et tonnerre ! hurla Arroyo, qu’on se mette à leur poursuite ! Holà ! continua-t-il en soulevant un pan de sa tente, vingt hommes à cheval ! que l’on batte les bois et les bords du fleuve, et qu’on ramène les deux fugitifs pieds et poings liés, vivants surtout. »

Pendant que les trois personnages se regardaient d’un air de stupéfaction, un grand mouvement avait lieu dans