Page:Gabriel Ferry - Costal l'Indien, 1875.djvu/336

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— Je n’ai pas vu le moindre colonel enragé, reprit le Zapote.

— Eh ! caramba ! le colonel Tres-Villas, s’écria Perico. Tu fais l’ignorant : espères-tu le prendre tout seul et gagner la prime de cinq cents piastres ?

— Le colonel Tres-Villas ! s’écria à son tour Gaspar le messager.

Cinq cents piastres de prime ! ajouta le Zapote en portant la main à ses cheveux comme s’il allait s’en arracher une poignée.

— Eh ! oui, parbleu ! lui-même, dit Perico ; un grand gaillard à moustaches noires, au feutre, de même couleur, portant un pantalon à bande d’or et une veste de soldat d’infanterie.

— Qui vous a tué deux hommes ?

— Quatre, puisque Suarez et Pacheco n’ont plus reparu. »

Il n’y avait plus à douter que l’homme qu’ils venaient de laisser derrière eux ne fût précisément celui qu’ils cherchaient pour lui remettre le message de Gertrudis, et le Zapote échangea avec Gaspar un regard de désappointement profond.

Un instant l’honnêteté de fraîche date de l’ex-bandit chancela sur sa base encore mal assise ; mais une prière muette de Gaspar et le souvenir de la foi jurée l’emportèrent dans son âme sur la cupidité déçue.

« Je n’ai rien vu, dit-il sèchement, et vous me faites perdre mon temps ; au revoir.

Vete con Dios[1] ! » dit Perico.

Gaspar et le Zapote échangèrent un dernier adieu avec les Compagnons de Perico, et ils s’éloignèrent au pas d’abord, tant qu’ils furent en vue, puis à toute course, quand ils se virent seuls.

  1. Que Dieu te conduise.