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— Dans deux heures, nous pouvons être de retour ici avec le renfort ; courons vite à l’hacienda. »

Excités par cet espoir, les deux aventuriers reprirent courage et se dirigèrent le plus rapidement qu’il leur fut possible vers l’hacienda gardée par le lieutenant Veraegui.

Sans chercher à examiner si tout doit marcher au gré de leurs désirs, nous les laisserons aller pour retourner vers le colonel Tres-Villas.

Resté seul, don Rafael envisagea froidement sa position. Il ne se dissimula pas que ses chances de salut ne fussent des plus douteuses, et que, à moins de quelque secours inattendu sur lequel il ne devait pas compter, il n’avait guère d’espoir d’échapper au sort qui le menaçait.

Le soleil inondait d’une lumière éclatante le bois tout entier qui lui servait d’asile. Ses rayons, déjà presque perpendiculaires, pénétraient jusqu’au cœur des fourrés, et cependant, avant qu’il se couchât et que la nuit vînt de nouveau lui prêter ses ombres tutélaires, sept heures environ devaient encore s’écouler ; car c’était précisément un des jours du solstice d’été, les jours les plus longs de l’année, ceux où, sous les tropiques, une baguette fichée en terre ne projette pas d’ombre.

Combien alors don Rafael regretta ce sommeil auquel il s’était abandonné, au lieu de profiter d’une partie de la nuit afin de tenter un effort désespéré pour son salut ! Il regretta non moins vivement de n’avoir pas révélé, quoi qu’il en pût advenir, son nom à ses deux compagnons d’un instant ; peut-être l’espoir d’une forte récompense les eût-il engagés à essayer de pénétrer jusqu’à l’hacienda del Valle, pour instruire le lieutenant Veraegui du danger que courait son chef.

Il était loin de se douter qu’un hasard providentiel se fût chargé de faire pour lui ce qu’une tardive réflexion lui suggérait maintenant.