Page:Gabriel Ferry - Costal l'Indien, 1875.djvu/349

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taient au Gaspacho un châtiment terrible, quand don Cornelio s’interposa vivement entre eux.

« Que voulez-vous ? demanda-t-il au soldat d’Arroyo.

— Savoir, répondit le cavalier, pour rendre service à mon ami Perico, qui bat la plaine de tous côtés, si vous n’avez pas vu quelque part ce coquin de Juan el Zapote, accompagné de son compère Gaspar.

— Je n’ai vu ni le Zapote ni son compère.

— Alors Perico, qui les a laissés passer au lieu de les arrêter, passera lui-même un mauvais quart d’heure quand il va comparaître devant le capitaine Arroyo.

— Ah ! vous êtes à son service ?

— J’ai cet honneur.

— Vous me direz alors, je vous prie, où je le trouverai, demanda don Cornelio.

Quin sabe[1] ? sur les bords du gué de l’Ostuta, à moins qu’il ne soit ailleurs, à l’hacienda de San Carlos, par exemple.

— Cette hacienda n’appartient-elle pas aux Espagnols ? objecta le capitaine.

— Alors je me trompe peut-être, répondit ironiquement le Gaspacho ; en tous cas, si vous voulez voir le capitaine, ce qui m’étonne, vous devez toujours passer le gué, quitte à ce qui peut vous advenir. Tiens ! vous avez là un fort beau dolman brodé, ma foi ! il est un peu large pour vous, et il irait justement à ma taille. »

En disant ces mots, le bandit piqua des deux et reprit le galop, laissant le capitaine sous l’impression fâcheuse de ses réponses ambiguës et de son admiration pour son dolman.

« J’ai idée que nous sommes mal tombés par ici, mon cher Costal, dit-il ; vous voyez quel cas ce drôle semble faire d’un officier de Morelos, et son maître en fera sans doute moins encore. Puis, pour gagner le gué, nous de-

  1. Qui sait ?