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dépêché un de ses gens, sur l’expérience et le courage duquel il comptait, pour explorer les bords de l’Ostuta.

Deux heures après, le domestique était revenu apporter la nouvelle que d’un des côtés du gué brillaient des feux nombreux. C’étaient, ainsi qu’ils en avaient été vaguement informés pendant le trajet, les feux du camp d’Arroyo et de ses bandits.

Le domestique ajoutait qu’il croyait qu’en revenant il avait été suivi par quelqu’un. C’est d’après ce rapport qu’on s’était hâté d’éteindre les feux qu’on avait allumés et qu’on se disposait précipitamment à se mettre en marche, ainsi que nous l’avons dit.

En redescendant le fleuve et en tournant le lac qu’il formait, le domestique de don Mariano se faisait fort de trouver au delà de ce même lac un autre gué qu’ils passeraient pour se rendre à l’hacienda de San Carlos par un chemin différent. Bien qu’avec les détours qu’il fallait faire ce fût une journée de marche de plus, il y avait tout à gagner à ne pas tomber entre les mains des bandits d’Arroyo.

Ce fut donc vers le lac d’Ostuta que les voyageurs se dirigèrent. La journée fut longue et pénible. La faiblesse de Gertrudis, les précautions à prendre par suite du mauvais état du chemin, où les mules de la litière pouvaient à peine se tenir avec leur charge, tout contribua à retarder la marche des fugitifs.

Il était environ dix heures du soir quand les voyageurs parvinrent enfin à un endroit où le lac étala à leurs yeux sa nappe d’eau sombre et lugubre.

Entre tous les lieux redoutés ou vénérés auxquels l’Indien rendait jadis un culte, il n’en est pas qui aient été l’objet de plus de traditions anciennes que le lac d’Ostuta et la montagne qui s’élève au milieu de ses eaux. C’est le Monapostiac ou la colline enchantée (corro encantado), dont le lugubre et singulier aspect frappe