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adresser cette embarrassante question : « Espagne ou indépendance ? »

Pendant le moment de silence que don Cornelio gardait avant de répondre catégoriquement, l’homme qui lui avait lié les bras et le corps fut rejoint par trois autres bandits, tandis que le cinquième s’occupait à rattraper le cheval fugitif du capitaine.

Un cercle menaçant se forma autour de don Cornelio.

Quant à la mine de ceux qui le formaient, elle était des moins douteuses et paraissait des plus sinistres.

« Espagne ou indépendance ? » répéta l’un d’eux.

Si brusquement sommé de montrer son drapeau, le capitaine, ignorant quel parti suivaient ces inconnus, ne répondit rien encore à cette nouvelle question.

« Bon ! dit l’un des agresseurs, celui-ci est sans doute le camarade des deux autres ; emmenons-le à l’hacienda comme eux. »

À ces mots, don Cornelio fut poussé sans cérémonie dans les bras d’un autre, car ses liens l’empêchaient de marcher.

« Tiens ! s’écria celui-ci en reconnaissant la couleur de sa peau, celui-ci est blanc !

— Blanc, noir et rouge ; il ne manque plus qu’un métis à la collection, » ajouta un troisième.

Ce fut ainsi que le capitaine apprit que ses deux compagnons étaient tombés dans quelque embuscade et prisonniers comme lui.

Il ignorait encore cependant s’il avait affaire à des royalistes ou à des insurgés, et il résolut de s’en assurer.

« Que veut-on de moi ? demanda-t-il d’une voix pleine d’émotion.

— Peu de chose, répondit un cavalier : clouer ta tête à la place de celle de Lantejas.

Caramba ! s’écria don Cornelio, c’est moi qui suis l’insurgé Lantejas, envoyé par Morelos à Oajaca. »