Page:Gabriel Ferry - Costal l'Indien, 1875.djvu/379

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prendre. Si la vertu est lucrative, encore faut-il la pratiquer avec intelligence, et ma tournure… toute militaire pourrait paraître suspecte aux sentinelles : un coup de fusil est si vite lâché !

— Il est de fait, mon cher Zapote, que tu as une diable de physionomie dont tu devrais tâcher de te défaire.

— C’est la mauvaise compagnie qui a déteint sur moi ; j’ai eu tant de malheurs !

— Eh bien ! je vais m’avancer seul et me faire reconnaître de la sentinelle ; puis je t’indroduirai comme un homme dévoué à don Rafael Tres-Villas, et qui s’offre pour le délivrer.

— Justement, pourvu que le colonel vive encore.

— Qui va là ? cria la voix retentissante d’une sentinelle.

Gente de paz[1] ! repartit Gaspar en s’avançant seul, tandis que son compagnon, par une défiance exagérée de sa physionomie martiale, puisqu’il faisait nuit, se mettait instinctivement à l’abri derrière le tronc d’un gros frêne.

— Passez au large ! reprit la sentinelle.

— J’apporte des nouvelles importantes du colonel Tres-Villas, dit Gaspar.

— Et nous voulons les communiquer au lieutenant Veraegui, ajouta le Zapote sans se montrer.

— Ah ! et combien êtes-vous ?

— Deux, répondit Gaspar à la sentinelle.

— Avancez sans crainte alors. »

Les deux hommes franchirent l’allée de frênes, après quoi la porte s’ouvrit devant eux, et, seul parmi ses anciens compagnons d’armes qui bloquaient naguère l’hacienda, le Zapote put voir l’intérieur de la forteresse.

Des sacs de terre, empilés derrière les murs d’enceinte, formaient un rempart d’une dizaine de pieds de largeur,

  1. Ami.