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« Mon cœur m’a bien dit, n’est-ce pas ? souffla de nouveau le Zapote par le trou de la serrure.

— C’est le colonel, répondit le gardien.

— Ah ! mon cœur ne me trompe jamais. Gaspar, entends-tu ? c’est le brave colonel. Nous allons être délivrés, comblés de caresses et de quadruples. Ah ! cher compadre, que la vertu est une belle chose ! c’est mon axiome. »

Pendant quelques instants, le Zapote se livra aux élans d’une joie folle ; puis cette joie se calma et devint plus grave ; puis il s’impatienta ; l’incertitude succéda à l’impatience et fut remplacée à son tour par le doute et le découragement, car le temps s’écoulait et personne ne venait les délivrer.

« Eh ! l’ami, puisque c’est le colonel, ouvrez-nous donc, dit le Zapote d’une voix suppliante.

— Patience ! répondit le factionnaire ; je n’ai pas d’ordre. »

Mais, loin de prendre patience, le mélancolique Zapote la perdait complétement, et il remplit l’air de ses gémissements à tel point que la sentinelle, essayant vainement de le consoler, finit par lui promettre, de guerre lasse, que si, comme il paraissait probable, le colonel s’éloignait sans le voir, puisque après tout il était sain et sauf, il prendrait sur lui de leur donner la clef des champs.

« Et la fortune, » reprit le Zapote consolé.

Le moment n’était pas éloigné où, d’après la promesse du soldat, les deux aventuriers allaient être libres ; car tout était prêt pour le départ de la troupe, le colonel à sa tête.

Une mule portait l’affût démonté de l’une des petites pièces de campagne, dont le canon était attaché en travers sur le bât d’une seconde bête de somme. Quarante hommes choisis parmi les plus braves des soldats del Valle, formaient, avec les soixante, du bataillon provin-