Page:Gabriel Ferry - Costal l'Indien, 1875.djvu/397

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

surprendre les bandits ; nous monterons le canon quand vous nous le direz.

Le domestique obéit et se mit en tête ; le chemin qu’il fit suivre tournait la base des hauteurs au sommet desquelles, peu d’heures auparavant, le capitaine Lantejas avait aperçu l’hacienda et les flammes qui brillaient derrière les vitres.

Le silence était profond, et aucun indice ne signala que l’approche de la troupe fût entendue, lorsque le guide quitta son poste à l’avant-garde pour revenir vers don Rafael.

« Ici, dit-il, il n’y a plus d’obstacle pour le canon. »

On fit halte, et la pièce fut replacée sur son affût ; après quoi la marche silencieuse fut reprise, mais en trois détachements différents ; car on était dans la plaine au milieu de laquelle s’élevait l’hacienda de San Carlos. Le colonel se réserva le commandement du premier, qui devait se diriger en droite ligne vers la porte d’entrée ; Veraegui et fray Tomas de la Cruz prirent les deux autres pour entourer l’hacienda de droite et de gauche.

Chacun de ces deux derniers détachements était muni de grenades pour les jeter au besoin par-dessus les murs ou dans chacun des endroits de l’hacienda où les bandits pourraient essayer de se retrancher quand le canon aurait enfoncé la porte d’entrée.

La pièce de campagne, par conséquent, accompagnait le détachement du colonel, qui s’était gardé, dans sa haine mortelle pour Arroyo, le poste d’attaque et l’honneur d’entrer le premier les armes à la main.

Ces dispositions, dans lesquelles les trois détachements s’avançaient d’un pas égal, échappèrent aux sentinelles postées sur la terrasse de l’hacienda pendant tout le temps que l’obscurité, l’éloignement et les arbres de la plaine leur dissimulaient l’approche de l’ennemi ; mais bientôt les royalistes entendirent les cris d’alarme qui appelaient la garnison à la défense commune.