Page:Gabriel Ferry - Costal l'Indien, 1875.djvu/398

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Ils dédaignèrent d’y répondre, et, tandis que les sentinelles déchargeaient leurs armes contre eux, ils continuèrent d’avancer rapidement, jusqu’au moment où le détachement commandé par don Rafael s’ouvrit tout à coup en démasquant la pièce de canon, dont un boulet jeta bas un des battants de la porte d’entrée.

En même temps, les grenades allumées brillèrent dans les ténèbres et tombèrent dans la cour, où les insurgés se formaient confusément en rang.

Quelques-unes des grenades purent être éteintes ; mais la plupart éclatèrent avec fracas entre les jambes des chevaux, qui, saisis de terreur, échappèrent à leurs cavaliers en les foulant aux pieds, et redoublèrent le désordre au milieu duquel les cris des blessés et les imprécations de fureur des bandits se mêlaient aux détonations répétées de nouveaux projectiles qui pleuvaient par-dessus les murs.

Une explosion plus terrible précéda un second boulet de canon, qui pénétra par l’ouverture de la porte et traça dans les rangs pressés des insurgés une épouvantable trouée.

« Encore ! encore ! cria la voix de don Rafael ; qu’on jette bas le second vantail de la porte ! »

Deux cavaliers se détachèrent de ses côtés et furent porter l’ordre à fray Tomas et au lieutenant Veraegui de s’étendre sur le devant de l’hacienda en demi-cercle, dont chaque extrémité devait le rejoindre. Telle fut la rapidité avec laquelle les artilleurs rechargèrent leur pièce, que les deux cavaliers avaient à peine eu le temps de s’éloigner, qu’une troisième explosion gronda, et que le dernier battant de la porte tombait arraché de ses gonds.

De nouvelles grenades éclataient en cet instant au milieu de la cour, où les insurgés, privés de leurs deux chefs, ne savaient à quel parti se résoudre.

On se souvient qu’en effet Arroyo, accompagné de