Page:Gabriel Ferry - Costal l'Indien, 1875.djvu/413

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que cette nuit fût achevée ; mais il y a encore au moins cinq heures d’ici au jour.

— D’autant plus, reprit le second, que trop de signes annoncent qu’elle ne se passera pas sans qu’il arrive quelque malheur. Je ne parle pas des flammes et du fantôme qu’a vus Castrillo, je ne songe qu’aux sanglots que nous avons entendu notre pauvre jeune maîtresse pousser tout à l’heure.

— Il ne manquerait plus à tous ces présages que d’entendre maintenant le cri d’une chouette sur le sommet de l’un de ces arbres, à notre gauche ; alors on pourrait prier pour l’âme de doña Gertrudis. »

Castrillo et Zefirino, qui, sans être plus esprits forts que leurs camarades, semblaient moins accessibles qu’eux à la crainte des présages, partageaient cependant leurs appréhensions au sujet de leur jeune maîtresse. Sa faiblesse leur paraissait avoir doublé depuis le jour du départ de Oajaca. Tous deux gardaient le silence en pensant que, en effet, ce n’était point une nuit ordinaire que celle-là, dans le voisinage d’un endroit redouté que Castrillo lui même s’étonnait d’avoir choisi, et avec ces étranges apparitions de flammes qu’il venait de voir à l’hacienda de San Carlos.

« Doña Gertrudis repose maintenant, dit Zefirino ; car je n’entends plus rien. Nous ne ferions peut-être pas mal de dormir aussi une couple d’heures, et deux par deux, à tour de rôle.

— Nous pourrions dormir ainsi à peu près trois heures chacun, ajouta Castrillo ; j’adopte cet avis. Quels sont ceux qui veilleront les premiers ?

— Le sort en décidera, dit Zefirino.

— Si Ambrosio n’a pas plus envie de dormir que moi, reprit le troisième domestique, vous pouvez commencer tous les deux. Nous ferons le guet pendant votre sommeil.

— Va pour veiller, » répondit Ambrosio.

Castrillo et Zefirino s’étendirent tous deux sur l’herbe