Page:Gabriel Ferry - Costal l'Indien, 1875.djvu/415

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

C’était un homme dont les rayons de la lune éclairaient la peau rouge comme du cuivre, car il était complétement nu.

L’Indien, qu’on ne pouvait méconnaître à sa couleur, semblait chercher quelque chose dans les roseaux, qu’il frappait de ses mains tout autour de lui.

Les deux domestiques le virent bientôt se mettre à la nage, fendre les eaux épaisses du lac et disparaître sous peu dans l’ombre que projetait la colline enchantée, du côté opposé à la lune.

« Dieu du ciel ! dit Zefirino à voix basse, on n’en saurait douter : c’est l’Indien qui cherche son cœur. »



CHAPITRE IX

LA DIVINITÉ DES EAUX.


À peine le capitaine don Cornelio Lantejas fut-il en plein air avec ses deux compagnons et à quelques pas de l’hacienda qui avait manqué de lui devenir si fatale, qu’il se sentit en proie à l’espèce de défaillance nerveuse dont il était toujours atteint après ses accès intermittents d’héroïsme.

Il suivit donc à peu près machinalement l’Indien, qui se dirigeait, en repassant le fleuve, vers le lac d’Ostuta, où un moment il avait désespéré de pouvoir se rendre, et qu’il disait ne pas être éloigné de plus d’une lieue.

À mesure cependant que don Cornelio s’écartait du repaire d’Arroyo, il reprenait son sang-froid, et il désira savoir comment l’Indien était parvenu à s’échapper et à reconquérir les papiers auxquels ils étaient redevables tous trois de la liberté et de la vie.

Costal le satisfit en quelques mots, car toutes ses pen-