Page:Gabriel Ferry - Costal l'Indien, 1875.djvu/416

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sées étaient absorbées par le voisinage du lac merveilleux dans lequel il espérait enfin trouver la divinité des eaux, objet de ses vœux les plus ardents.

Sans se douter du moindre danger, il était tombé, ainsi que le nègre après lui, dans un poste de vedettes d’Arroyo, et de là il avait été conduit à l’hacienda, interrogé et soupçonné d’espionnage : car le guerillero avait la manie de voir des espions dans tous ceux que le hasard livrait entre ses mains.

Occupé pour le moment à faire visiter partout dans l’hacienda et à en torturer le maître pour lui faire déclarer ce qu’il désirait savoir, Arroyo avait remis à un peu plus tard à décider du sort de l’Indien. Préalablement, on l’avait laissé au milieu des soldats qui bivaquaient dans la cour.

Arrêté au moment même où il croyait voir tous ses vœux comblés, l’Indien, pendant la première heure de sa captivité, avait été en proie à un accès de rage et de désespoir qu’il serait impossible de décrire ; peu à peu cependant son calme ordinaire revint, et il en avait employé toutes les ressources pour s’échapper, mais en vain.

Le seul espoir qui lui restât désormais était que, si don Cornelio tombait dans la même embuscade que lui, les lettres de créance dont il était porteur serviraient non-seulement à la délivrance du capitaine, mais encore à la sienne.

Costal calculait avec angoisse le temps qui s’écoulait, lorsque le Gaspacho, prêt à se mettre en selle pour un point assez éloigné de San Carlos, se mit à raconter de quelle façon il s’était emparé d’un dolman qu’il avait déjà convoité sur les épaules de son possesseur, et qui lui venait bien à point pour remplacer sa veste en lambeaux.

L’Indien, à ce récit, avait reconnu que le capitaine était prisonnier comme lui, quoiqu’il ne l’eût pas vu en-