Page:Gabriel Ferry - Costal l'Indien, 1875.djvu/421

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ment jusqu’à l’endroit d’où sa vue pouvait s’étendre sans obstacle.

Peu de minutes après, la lune se montrait pleine et radieuse. Où était Costal à cette heure solennelle tant attendue par lui ? Voilà ce que se demandait le capitaine lorsqu’il crut s’apercevoir que, à la clarté répandue autour de lui, semblaient s’éveiller tout à coup et à la surface du lac, et la colline dont ses eaux baignaient la base, et le bois sombre au-dessus duquel il dominait.

Des lueurs bizarres paraissaient s’échapper des flancs de la colline et des sons étranges venaient frapper son oreille.

Le système nerveux était facile à ébranler chez l’ancien étudiant en théologie, et il commença, mais trop tard, à se repentir d’être venu dans ce lieu désert, où de singulières choses pouvaient se passer peut-être ; car son aspect sauvage portait, nous croyons l’avoir dit, une terreur involontaire dans l’âme.

Tout à coup il tressaillit, comme le faisaient au même instant les deux domestiques de don Mariano, à la vue d’un homme, d’un Indien, qui venait d’apparaître sur les bords du lac. Seulement, sa frayeur fut de plus courte durée ; car, dans l’homme qui battait de ses mains les roseaux du lac, la clarté de la lune lui fit reconnaître Costal.

De la position élevée où il se trouvait, il put voir plus loin, ce que les domestiques ne voyaient pas, un autre homme également nu. C’était le nègre, et ce ne fut pas là le trait le moins bizarre de ce singulier tableau, que celui de ces deux corps athlétiques, l’un rouge comme du bronze florentin, l’autre noir comme un bloc d’ébène. Puis l’un et l’autre se mirent à la nage et disparurent bientôt à ses yeux, comme à ceux des gens de don Mariano.

Quoiqu’il éprouvât, à peu de chose près, le désappointement d’un spectateur tout à coup frustré du spec-