Page:Gabriel Ferry - Costal l'Indien, 1875.djvu/424

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tendre pendant son court sommeil, ne tardèrent pas à grossir quand il fut éveillé, puis à se convertir en hurlements prolongés, tels que de sa vie il n’en avait entendus.

Dans une nuit à peu près pareille à celle-là, les tigres avaient rugi sur sa tête ; mais les hurlements des jaguars, ceux du lion ou les mugissements des plus forts taureaux n’avaient pas la puissance effrayante des sons qui frappaient ses oreilles.

Ils paraissaient sortir de vastes poumons de quelque animal d’une race inconnue et gigantesque.

Cette fois, le capitaine trembla de tous ses membres, et, s’il n’eût été solidement attaché, il serait certainement tombé du haut de son arbre à terre.

Le cheval du capitaine partagea sa terreur ; il fit craquer les buissons autour de lui, rompit violemment sa bride, et don Cornelio le vit s’élancer au grand galop hors du bois qui semblait abriter de si terribles hôtes. Il suivit d’un œil effrayé l’animal, qui ne s’arrêta que lorsqu’il fut réuni aux chevaux de l’Indien et du nègre.

Quant à don Cornelio, ces hurlements, ces sons d’horloge dans le désert, commencèrent à ébranler ses croyances, et il y eut un moment où il n’hésita pas à croire qu’il entendait la voix du génie qu’osait évoquer Costal.

Le capitaine Lantejas n’était pas le seul à s’épouvanter. Réunis en un groupe serré, à deux portées de carabine de lui et cachés à ses yeux par le feuillage des arbres, les gens de don Mariano avaient compté, avec une égale surprise et une terreur non moins grande, les douze coups que venait de frapper l’horloge invisible.

Leur maître, de son côté, cherchait en vain à s’expliquer tout ce qui se passait autour de lui.

Gertrudis s’éveilla en poussant un cri d’effroi, quand les hurlements épouvantables dont le bois et le lac retentissaient vinrent frapper ses oreilles.