Page:Gabriel Ferry - Costal l'Indien, 1875.djvu/433

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La vision à la robe blanche et aux cheveux flottants avait disparu, le lac demeurait désert, mais ce ne fut que pour un instant. Costal et Clara reparurent à sa surface et ne tardèrent pas à prendre terre sur la rive, à une portée de fusil du capitaine.

Le drame réel se mêlait si étroitement à de fantastiques apparences, que don Cornelio resta un instant l’esprit troublé et l’œil voilé d’un nuage.

La vue du danger que couraient ses deux fidèles compagnons put seule le rappeler à lui et l’avertir que ce qui se passait sous ses yeux n’était pas un rêve.

Subitement sortis de derrière les roseaux, à peu de distance de l’endroit où l’apparition s’était un instant montrée, deux des hommes d’Arroyo poursuivaient le nègre et Costal le sabre à la main. Dès lors le capitaine reprit complétement ses sens, et, appuyant le canon de sa carabine sur l’une des branches de son arbre, il fit feu : un des bandits tomba, et l’autre s’arrêta effrayé de ce coup inattendu.

Ce délai donna le temps aux deux aventuriers d’arriver jusqu’à leurs chevaux et de sauter en selle comme deux fantômes tout ruisselants de l’eau du lac.

De son côté, le capitaine descendit précipitamment à terre en se nommant et en appelant ses deux compagnons de leur nom.

« Ah ! s’écria Costal, j’avais craint, en reconnaissant votre cheval avec les nôtres, qu’il ne vous fût arrivé malheur. »

Pendant ce temps, le bandit resté seul s’enfuyait à son tour vers son cheval, qu’il avait laissé à la garde de ses compagnons derrière les collines. Mais, poursuivi bientôt par l’Indien, qui en quelques bonds l’eut rattrapé, il fut terrassé sous les pieds de son cheval, et le Zapotèque le cloua par terre d’un coup de rapière sans quitter sa selle.

« Vite au lac maintenant ! reprit vivement Costal en