Page:Gabriel Ferry - Costal l'Indien, 1875.djvu/434

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s’adressant au nègre. Allez nous attendre dans le bois, seigneur don Cornelio, nous avons besoin d’être seuls. »

Comme il mettait pied à terre en prononçant ces mots, un nouvel incident venait de changer la face des choses.

Cinq cavaliers et une litière portée par deux mules apparurent tout à coup sur le bord du lac et presque à l’extrémité du bois : c’était don Mariano à côté de la litière de sa fille, accompagné de ses quatre domestiques.

L’hacendero avait entendu le capitaine Lantejas se nommer en appelant de leur nom Costal et Clara, et, plein d’espoir dans le renfort inattendu que le ciel lui envoyait, il se hâtait de le joindre.

De l’autre côté de l’Ostuta, derrière le rideau de cèdres, déboucha au même moment une seconde troupe à cheval, composée d’une demi-douzaine d’hommes poursuivis, selon toute apparence, par un nombre égal de cavaliers qui se montrèrent à leur tour le sabre au poing.

« Qu’est-ce encore, s’écria Costal en jurant comme un païen qu’il était, que ces intrus qui viennent troubler les adorateurs de Tlaloc ? »

Le nègre, qui au même instant entendit qu’on l’appelait ainsi que Costal, se frappait la poitrine de désespoir en pensant à l’occasion unique que lui faisait perdre cette invasion subite du lac, si désert jusqu’alors. C’était la voix de don Mariano qu’on venait d’entendre ; il se faisait connaître et appelait aussi par son nom le capitaine Lantejas, tout en ignorant que c’était le même qui portait le prénom de Cornelio, l’ancien hôte de las Palmas.

« C’est bien moi, vive Dieu ! » répondit le capitaine, surpris au dernier point de se trouver en pays de connaissance au milieu de cette solitude si morne jusqu’à ce moment.