Page:Gabriel Ferry - Costal l'Indien, 1875.djvu/435

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Au milieu de ces divers incidents, les fuyards qui venaient d’apparaître semblèrent indécis sur la direction qu’ils avaient à prendre ; mais bientôt n’apercevant peut-être pas le groupe réuni sur la lisière du bois, ils se dirigèrent de ce même côté.

Lantejas et ses deux compagnons, don Mariano et ses gens, n’eurent que le temps de se jeter précipitamment derrière les arbres, pour éviter d’être renversés par le galop impétueux des chevaux, lancés à toute bride par leurs cavaliers, qui passèrent comme un tourbillon devant eux.

Cependant, malgré la rapidité de leur course, l’œil perçant de Costal distingua, parmi ces fuyards, deux hommes qu’il ne pouvait méconnaître, car ils avaient été, comme lui, les serviteurs de don Mariano.

« Nous sommes en pays ennemi, dit-il à voix basse à Clara ; voici Arroyo et Bocardo, poursuivis sans doute par les royalistes. »

Il achevait à peine, qu’emportés par un galop non moins furieux, les six cavaliers lancés à la poursuite d’Arroyo passèrent à leur tour aussi rapidement que l’éclair.

L’un d’eux, de haute taille, autant qu’on en pouvait juger, précédait ses cinq compagnons ; courbé sur le cou de son cheval, qui semblait plutôt voler que galoper, il ne cessait néanmoins de lui presser les flancs de ses éperons.

Saisissant convulsivement son feutre noir à larges bords, un instant presque enlevé de sa tête dans la rapidité de sa course, il le renfonça tellement, que sa figure, déjà à moitié cachée par la crinière de son cheval, paraissait à peine. Le coursier, en même temps, effrayé soit par la masse sombre de la litière de Gertrudis, soit par la vue d’un autre objet, fit un saut de côté en laissant échapper de ses naseaux un souffle, étrange et