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cha le lien qui attachait le misérable auquel l’arrivée inespérée du Zapote venait de sauver la vie.

Le colonel, dédaignant d’écouter les actions de grâces que lui adressait le bandit immobile sur le sable, se retourna vers le messager.

« Où est celle qui vous envoie ? demanda-t-il.

— Là, » répondit le Zapote en montrant du doigt une litière qui se remettait en marche, escortée de cinq cavaliers.

Débarrassé du corps humain qui l’épouvantait, le Roncador ne refusa plus, cette fois, de bondir dans la direction où les rideaux de la litière de Gertrudis ondoyaient aux derniers rayons de la lune.



CHAPITRE XI

LE FANTASTIQUE ET LA RÉALITÉ.


Cependant, comme si les alentours du lac d’Ostuta, si déserts jusqu’alors, fussent tout d’un coup devenus le lieu d’un rendez-vous général, des lumières brillèrent au loin, et, dans une direction différente de celle que suivait la litière de Gertrudis, une autre litière se montra ; mais celle-là était à bras, et on la portait.

Une demi-douzaine d’Indiens la précédaient, en éclairant sa marche à l’aide de branches enflammées d’ocote[1], qu’ils tenaient à la main.

À la voix de don Rafael, l’escorte de Gertrudis avait fait halte, et au même moment le brancard, arrivé au bord du lac, s’arrêta également. Les Indiens qui l’accompagnaient se mirent alors, armés de leurs torches, à fouiller les roseaux.

  1. Pinus picea.