Page:Gabriel Ferry - Costal l'Indien, 1875.djvu/454

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je m’étais grossièrement trompé ! À peine avais-je fini de parler, que mon oncle, les yeux enflammés de colère, pouvant à peine se contenir et se signant comme s’il eût déjà vu pousser en moi les cornes et les pieds fourchus prédis par le vénérable évêque dé Oajaca, m’ordonna de vider les lieux à l’instant même, ainsi que l’Indien et le nègre qui m’avaient accompagné. « Et estimez-vous heureux, seigneur don Cornelio Lantejas. » ajouta-t-il en me poussant par les épaules, « que, retenu par l’amitié que je porte à mon frère, je ne livre pas à la vindicte publique son misérable fils, qui déshonore notre maison.

« — Mon oncle, lui dis-je, je vous supplie…

« — Je n’ai pas de neveu parmi les ennemis du roi d’Espagne, » s’écria-t-il avec tant de violence, que je craignis un instant d’éprouver le sort d’Ochoa, qui, demandant grâce à son frère Luciano, à la bataille des Acuicho, reçut de lui le coup mortel, accompagné de ces mots : Je n ai pas de frère parmi les insurgés.

« Tel fut le résultat de ma première tentative d’embauchage, qui m’enseigna à mieux observer à l’avenir les personnes auprès de qui j’aurais à exercer ma mission.

« Peu de temps après, Oajaca se trouvait au pouvoir de Morelos, que cette dernière conquête rendait paisible dominateur d’une immense et riche province, de toute la côte du sud et de presque toute la partie de l’océan Pacifique qui baigne le territoire mexicain.

« La fortune de l’ex-curé de Garacuaro était parvenue à son apogée. Les noms de Morelos et de Galeana, continua le bon chanoine, avec un air de mélancolie profonde, avaient eu tout le retentissement que ces deux illustres champions de l’indépendance pouvaient désirer ; mais le moment n’était pas loin où tous deux allaient disparaître de la scène qu’ils avaient si glorieusement remplie. Moins de six mois après[1], la bataille de

  1. 5 janvier 1814.