Page:Gabriel Ferry - Costal l'Indien, 1875.djvu/457

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

« S’il a commis d’inutiles cruautés quand la clémence était si facile et ne lui eût rien coûté, s’il a refusé bien souvent la grâce qu’on lui demandait, il a refusé aussi la vie que lui offrait un ami courageux et dévoué, pour ne pas compromettre celle d’un geôlier et enlever à sa famille ses moyens d’existence. Un seul moment de faiblesse de sa part eût mis en danger la tête de plus de mille personnes : tout cela n’est-il pas une compensation, et les taches de sa carrière politique et militaire l’empêcheront-elles d’être le plus grand des chefs de l’insurrection mexicaine ? »

L’histoire a confirmé le jugement du chanoine.

Ce dernier, en terminant son récit, m’avait également instruit de ce qui le concernait personnellement.

Après la mort de ses deux chefs, dont il n’avait jamais pu se résoudre à se séparer, il avait quitté le service actif sans toutefois accepter l’indulto[1] du gouvernement espagnol. Profitant, sous le nom d’Alucuesta, qu’il avait définitivement adopté, de l’asile que lui offraient, tantôt dans une province, tantôt dans une autre, les successeurs armés de Morelos, il avait repris ses études théologiques, abandonnées pendant près de cinq ans.

Après bien des difficultés et des traverses, il était parvenu à se faire conférer les ordres, et il jouissait enfin d’un doux loisir qui s’accordait si bien avec ses goûts, pour l’étude et pour la paix.

Costal rêvait toujours l’ancienne splendeur de ses ancêtres ; à d’assez fréquentes excursions près, il n’avait jamais quitté son ancien capitaine, et était devenu l’hôte, le commensal et l’ami du bon chanoine.

Quant à Clara, il n’avait rejoint que plus tard le Zapotèque, son ancien compagnon d’aventures ; ses goûts de vagabondage lui avaient fait refuser l’hospitalité que

  1. Amnistie.