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Page:Gabriel Ferry - Les aventures d'un Français au pays de Caciques, 1881.djvu/122

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plaçai avec lui à une fenêtre d’où la vue plongeait sur les cours intérieures du couvent que blanchissaient les premières clartés du jour. Le moine, dont la figure triste et sévère m’avait si souvent frappé dans mes promenades au jardin de Saint-François, traversait en ce moment une de ces enceintes. Nous remarquâmes que ses pas étaient plus chancelants, sa taille plus courbée que de coutume. Quand il se fut éloigné : — Suivez-moi, me dit fray Serapio, dans la cellule qui fut la sienne et qu’il vient de quitter. — Cette cellule où nous arrivâmes bientôt ne se distinguait en rien des autres. Les murs étaient complétement nus ; le vent sifflait à travers les plantes parasites qui croissaient entre les pierres disjointes. Une torche de sapin plantée dans un des interstices de la muraille achevait de brûler ; fray Serapio raviva la flamme près de s’éteindre, et, avec toute l’obstination d’un cicerone consciencieux, il prétendit me faire reconnaître sur la muraille la trace des cinq doigts de l’inconnu qui avait poignardé le moine dans sa prison. Je voulus bien, par condescendance, renoncer à voir l’effet de l’humidité dans les tâches noirâtres qui semblaient à mon compagnon l’empreinte exacte de la main de Satan. Je saisis cependant cette occasion pour faire remarquer à l’excellent fray Serapio que l’histoire de son malheureux confrère s’expliquait parfaite-